Répertoire

TOTAL OUBLIÉS XVIII


Quelques précisions sur ce nouvel opus des Total Oubliés. Il est composé par moitié d’artistes non encore exhumés. 
 Gérard Châtelain a commencé sa carrière avec le groupe les Dauphins en 1964. C’est en 1972 qu’il se lance en solo. Mais ses trois 45 tours n’ont pas convaincu semble t-il. Dommage car ce titre est très réussi et ouvre les festivités de ce présent volume. 
 Claude Puterflam a connu un succès d’estime dans les années 80 après 20 ans de carrière. Ce titre est une jolie face B, mélancolique de 1978. 
 Zappala est le pseudonyme de Jacques Cadillac (ça ne s’invente pas...). Il ne lui suffit pas d’être un beau barbu, il a aussi une voix magnifique et il chante des trucs, certes, parfois un peu perchés mais jamais niaiseux (Mille morceaux de verre, L’oiseau fumée, à paraître dans notre Collection...). Associé à des pointures telles que Boris Bergman ou Gabriel Yared (excusez du peu...), la carrière de Zappala s'éteint après cinq 45 tours parus entre 1973 et 1975. 
 Anne Ventura nous a gratifié de trois 45 tours durant sa carrière qui s’étend entre 1976 et 1977. C’est François Bernheim qui la fait chanter ici, comme il a fait chanter un grand nombre d’interprètes (les Poppys, c’est lui, par exemple). Lui-même n’a connu qu’un succès confidentiel en tant qu’interprète (voir volumes 9 et 10 des TO). S’il existait un prix de la pochette de disque la plus improbable, il remporterait certainement la palme avec son 45 tours de 1978 «Qu’est-ce que c’est bien la nuit» ... À moins que sa performance ait été déjà classifiée dans le registre «portée de Yorkshire»... 
Marc Savy remporte quant à lui, le prix du moustachu des Total Oubliés. Il n’empêche qu’il est assez agréable à écouter. 
 Que dire de Hervé Houzy ?... C’est un barbu spirituel qui avait alors tous les talents. Le point d’orgue de sa carrière consiste en une reprise de chants communautaires. Aussi beaux soient-ils, ils ne sont que l’expression de la facilité au regard des créations précédentes, plus ambitieuses. 
 Michel Costa est indissociable de son frère Georges. On leur doit une élégance vocale dans un nombre incalculable de productions françaises. C’est un peu leur rendre justice que de les entendre, l’un avec ou sans l’autre, dans des chansons qui révèlent pleinement leurs talents. 
 Rémy Saint Maximin, Yves Lecoq, Franck Didier, Amadéi, Michel Chevallier et Noël Saint-Clair ont déjà fait l’objet d’exhumations dans des précédents volumes ; on retrouve également Farid avec un titre plus rock que les précédents (volumes 10, 11 et 13) dans lequel on découvre une autre facette de son talent vocal. 
Michel Ignace a changé de nom après deux 45 tours... Je ne vois pas du tout pourquoi, c’est pourtant un petit petit nom charmant... 
 Alain Dayan est là une nouvelle fois aussi. Comme il est depuis longtemps un artiste phare de notre collection, je me demande juste ce qu’il devient maintenant... Le talent n’est pas une denrée périssable il me semble. 
 Dans cet opus, on retrouve aussi Yves Jouffroy dont nous avons déjà évoqué ici un grand pan de la discographie. «Histoire vécue» est, parait-il, son plus grand succès... C’est aussi le plus troublant. Il y a dans ce morceau un temporalité que Rembrandt aurait souhaité dans ses tableaux (les sots ont pu penser qu’il n’y était pas parvenu, c’est juste qu’ils ne savent pas la voir), et une dramaturgie, certes attendue, mais par laquelle on est saisi. Les pizzicati Bomtempifiés et dissonants du final nous chahutent tels de pauvres âmes agrippées à de fragiles embarcations et puis nous abandonnent dans une mer sournoise et aigre qui aura raison de notre instinct de survie sentimental. Gageons que cette chanson d’Yves Jouffroy ne préfigure en rien l'anéantissement de notre propension à nous émouvoir des refrains les plus tendres et légers de nos Total Oubliés. 
 Il suffit de se donner rendez-vous, lors de la parution d’un nouvel opus, pour s’en assurer. 
 «Nous aurons tout l’été» nous dit Jacques Monty.
 Marc©juillet 2012